JEAN-CLAUDE CREGUT, Maire de Banne, co-fondateur avec Marthe Pellegrino, du festival Bann'Art.

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Jeanine Rivais : Jean-Claude Crégut, vous êtes co-fondateur du Festival de Banne. Votre commune a donc participé à ce festival qui a lieu chaque année depuis près de dix ans. Comme il semble que vous ne souhaitiez pas vous représenter dans vos fonctions de Maire, pouvons-nous faire un bilan de ce qui s'est passé, de ce que vous avez ressenti, de la façon dont vous avez vécu ces années ?

Jean-Claude Crégut : Oui, tout à fait. Lorsque j'ai été élu, voilà trois mandats, en 1989, j'ai découvert des lieux où l'on pouvait faire des expositions, comme les Ecuries, et la Grotte du Roure. J'ai donc proposé à Marthe qui était déjà passionnée d'arts plastiques, d'organiser des expositions. Et, pendant un temps, elle a organisé des petites expositions qui se succédaient, et lui demandaient beaucoup de travail, et beaucoup de temps. Du coup, elle a décidé d'organiser une manifestation importante, et elle a créé le Festival d'Art singulier. Il en est à dixième édition. Mais comme elle en fait maintenant deux par an, cela ne fait pas dix ans.

Pour ce qui est de la manifestation elle-même, je la trouve extraordinaire et d'une grande tenue. Elle va dans le sens de la renommée de Banne qui est déjà labellisé " village de caractère ". C'est donc un plus culturel pour Banne, qui est généralement apprécié.

Je ne me prononcerai pas sur l'impact que peut avoir ce festival sur les artistes ?

 

JR. : Je vous répondrai que nombre d'artistes qui ne se sentent pas particulièrement Singuliers, déclarent tous que ce qu'ils apprécient, c'est la convivialité entre artistes. Donc, ils sont bien à Banne.

J-C.C. : C'est d'ailleurs ce que j'ai dit, lors du discours inaugural. Comme nous sommes proches du 14 juillet, j'ai pensé aux valeurs fondamentales sur lesquelles est basée notre société : la Liberté. Or, il est évident que l'art est libre par essence. Et l'Art singulier est encore plus libre. Au niveau de l'Egalité, aucun problème non plus, parce que tout le monde trouve sa place à Banne, sans exclusive. La surprise est venue de la Fraternité. Car chaque année, se nouent de très bonnes relations des artistes entre eux ; et des artistes avec le public.

 

JR. : Vous concluez donc sur un bilan totalement positif ?

J-C.C. : Pour moi, il est très positif. Il est dommage qu'au niveau de la population, les sentiments soient plus mitigés. Parce que les gens ne participent pas trop. Sur le plan économique, les choses n'ont pas, non plus trop évolué dans le sens que j'espérais il y a 18 ans : faire du développement économique à partir du développement culturel. Je pensais qu'exploiter ce site à partir du développement culturel induirait un développement économique. Or, il n'en est rien. Bien que le Festival ait une bonne renommée.

 

JR. : En effet. Qui s'étend maintenant jusqu'à l'étranger.

Peut-on penser que le futur maire qui vous succèdera sera un peu convaincu, beaucoup convaincu, pas du tout convaincu ?

J-C.C. : Gros point d'interrogation à dix mois des élections ? J'ignore qui sera mon successeur ? Nous avons œuvré, avec le Conseil municipal qui m'a soutenu. Je pense qu'il sera obligé de reconnaître le niveau de cette manifestation. Ce serait idiot de ne pas la prendre en compte. Mais elle sera peut-être moins aidée qu'elle l'a été jusqu'à présent ?

 

JR. : Il avait été question pendant un moment que la commune rachète une maison, pour en faire une sorte de petit musée : Où en êtes-vous ?

J-C.C. : C'est une maison communale qui mesure une centaine de mètres carrés. Je l'avais achetée pour faire pompeusement un " Centre d'Art actuel ". En réalité, elle servira de lieu d'expositions. J'ai obtenu les subventions de l'Europe, du Conseil d'Etat. Et dernièrement du Conseil général. Nous avons donc 80% de notre financement. Et, avec les architectes, nous sommes dans la phase de consultation des entreprises. C'est donc un chantier qui devrait être terminé à la fin de l'année.

 

JR. : Voilà une perspective optimiste !

J-C.C. : Oui. Je crois que cela contribuera à la pérennisation du festival. D'autant que cette année, le Festival a obtenu également une contractualisation avec la Région, à travers un organisme appelé " Le Pays ". Elle a donc des financements assurés pour trois ans, d'où une sérénité à ce propos. Attendons l'avenir.

Entretien réalisé à Banne, sur la Place du Fort, le 12 juillet 2007.

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