LOUIS BLANC.

(1811-1882)

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Louis Blanc était-il prédestiné à une vie politique hors du commun, lui dont le grand-père a été guillotiné, et le père fonctionnaire au Ministère des Finances, dans l'Espagne de Joseph Bonaparte ? Né à Madrid, il rentre avec sa famille dans le Rouergue; est élève au collège de Rodez; arrive à Paris au lendemain des "Trois Glorieuses" ; passe avec succès le concours de l'Académie ; devient collaborateur du National et, en 1837, s'engage dans une action politique qui durera jusqu'à sa mort.

Il essaie de regrouper pour les élections une opposition républicaine que les lois sur la presse ont contrainte à se disperser ; commence la rédaction d'un ouvrage important : Une histoire de 10 ans : 1830-1840. Il dirige la Revue du Progrès politique, social et littéraire, puis la Revue indépendante. La publication de L'Organisation du travail le rend célèbre, dans laquelle il propose la création de coopératives ouvrières de production qui s'installeraient grâce à une aide financière de l'Etat. Une caisse centrale rembourserait avec les bénéfices, le capital engagé; alimenterait un système d'assurances sociales et financerait de nouvelles coopératives.

Cette idée d'une aide de l'Etat soulève de tous côtés des polémiques, entraîne des malentendus et un amalgame entre ateliers nationaux (faussement attribués à Louis Blanc) et ateliers sociaux dont certains déjà créés sont tout à fait rentables. Coopératives ouvrières et ateliers sociaux disparaissent dans la mêlée politique !

Parallèlement, Louis Blanc collabore à La Réforme, devient Secrétaire du Gouvernement provisoire en 1848, député de la Seine à l'Assemblée Constituante. Il demande sans succès la création d'un Ministère du Travail.

Mis en accusation de complicité dans le déroulement des Journées de Juin, il s'exile en Angleterre où, sous le nom de Weller, il est correspondant du Temps. Il réunit les matériaux de son Histoire de la Révolution de 1848 et, de là-bas, anime Le Nouveau Monde publié à Paris.

Rentré en France en 1870, il est élu à l'Assemblée Nationale en février 1871, dans la tendance du Parti Radical. Il vote, très isolé, contre la cession à l'empire allemand, de l'Alsace et la Lorraine. Son désenchantement croît avec la réprobation exprimée par les jeunes députés à l'égard de ce vieillard "responsable" des échecs du passé ! Il juge insuffisamment démocratique la Constitution de 1875 ; réclame la diminution de la durée du service militaire ; fait campagne contre le cléricalisme. Et, s'il est totalement étranger à la Commune qu'il réprouve ouvertement, il demande néanmoins pour les Communards, des mesures de clémence...

A sa mort, en 1882, le véritable directeur du Parti Radical est en fait depuis longtemps, Georges Clemenceau. Nul ne lit plus L'Organisation du travail, et les écrits de Louis Blanc n'ont plus d'intérêt que pour les seuls historiens !

Il est enterré au Père Lachaise.

Jeanine Rivais.

un autre personnage célèbre