**********
Face aux uvres d'Adèle Bessy, le visiteur est forcément ébahi en constatant la totale démesure de l'artiste. De véritables grappes "humaines" se bousculent sur la toile, se chevauchent, confrontent leur monstruosité, deviennent centaures, griffons, ... L'uvre prend des connotations culturelles, se rapproche de Bruegel, Bosch ou Arcimboldo. Tout se passe comme si, soudainement, les fantasmes les plus fous étaient permis, comme si chaque personnage mettait son âme sur son visage, étalait au grand jour, ses plaies et ses meurtrissures intérieures. Comme si dames à hennin, gnomes, angelots, ou sirènes se livraient de concert à d'interminables bacchanales . Partout, un foisonnement insensé de personnages seuls ou en couples, serrés les uns contre les autres ; des entrelacs d'individus aux fins visages ou au contraire aux faciès monstrueux, mêlent à leur vie menée avec la plus grande vivacité, une évidente jubilation perverse.
La
précision du pinceau de l'artiste, la finesse du
détail, l'art de rendre une sensation de velouté,
appliquer la matière sans retenue ; puis, longuement,
fignoler, parachever
témoignent d'un talent, d'une
précision, d'une patience remarquables. Le tout traité
dans des couleurs de brun vert glauques, des ocres violacés
souvent morbides, des bruns tirant vers le noir
Une gamme
chromatique dont les parfaites harmonies donnent à
l'uvre d'Adèle Bessy une dimension poétique qui,
mêlée à son imaginaire à la fois
obsessionnel et fantasmatique, confèrent à son
uvre une puissance expressive tout à fait originale.
Jeanine Rivais.