NADJEZJDA VAN ITTERSUM , sculpteur

Entretien avec Jeanine Rivais.

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Nadjezjda Van Ittersum est hollandaise. Elle ne parle pas très bien français. L'entretien a pu se poursuivre grâce à l'aide de son amie que je remercie.

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Jeanine Rivais : Nadjezjda Van Ittersum, vous êtes hollandaise, comment êtes-vous arrivée à Banne ?

Nadjezjda Van ittersum : L'an passé, je suis venue en visiteuse dans la région. J'ai logé non lin d'ici, dans le château de Dracula. Et j'ai rencontré quelqu'un qui habite près d'ici. Cette personne vient souvent en Hollande pour des marchés de céramique. Et elle m'a parlé de Banne.

 

JR. : Votre monde est un monde de rois et de reines ?

N.VI. : Un monde de tsars et de tsarines !

 

JR. : Pourquoi ce choix ?

N.VI. : Parce que mon grand-père était russe, Mon arrière-grand-mère était très riche et vivait à la cour de la tsarine.

 

JR. : Vos ancêtres vivaient donc en milieu princier. C'est donc par nostalgie que vous avez choisi de traiter ces personnages ?

N.VI. : Oui.

 

JR. : Les œuvres que vous présentez ressemblent toutes à des portraits réalisés en buste. Jamais vous ne les présentez en pied. Quels matériaux employez-vous ? Ce sont les émaux qui donnent les dorures tellement abondantes ?

N.VI. : C'est doré après les émaux. Et j'ajoute souvent du fer dedans pour obtenir des couleurs rouille. Je n'aime pas les céramiques statiques, alors j'ajoute des boucles d'oreilles, des colliers, qui donnent un peu de mouvement. J'aime beaucoup le mouvement, mais c'est difficile dans la céramique.

 

JR. : Quand vous présentez ainsi vos tsars et tsarines, sont-ils dans votre esprit des personnages précis de l'époque de votre arrière-grand-mère ? Ou bien sont-ils des personnages en général ?

N.VI. : C'est selon ma fantaisie. Ma fantaisie est la chose la plus importante.

 

JR. : C'est votre grand-père qui vous racontait la vie qu'il menait en Russie, à la cour du Tsar ?

N.VI. : Non, il était décédé quand je suis née.

 

JR. : Dans ce cas, comment connaissez-vous l'histoire de votre famille ?

N.VI. : Ma mère m'a raconté qu'un cousin de mon grand-père était Nabokov. Bien sûr, il est connu en particulier pour " Lolita ". Mais il a écrit un autre livre dont j'ai oublié le titre et qui racontait l'histoire de nos deux familles.

 

JR. : Il me semble tout de même que, sur vos tsarines surtout, vous avez mêlé des vêtements presque contemporains avec des couronnes. C'est toujours votre fantasme ? Ou une volonté de mêler les époques.

N.VI. : Non non, c'est mon fantasme.

 

JR. : En somme, vous les habillez comme Madame-Tout-Le-Monde, mais elles gardent leurs couronnes ?

N.VI. : Non, je ne crois pas que ce soit Madame-Tout-Le-Monde !

 

JR. : Je suis un peu embarrassée pour aller au-delà de cette affaire de famille. Puisque, les poissons ou les animaux que vous avez également présentés semblent des ajouts faits à ces personnages, y a-t-il donc des sujets que vous auriez aimé aborder et dont je n'ai pas parlé ? Des questions que je n'ai pas posées ?

N.VI. : Oui. Je fais beaucoup de choses autres que mes céramiques. Je fais donc mes poissons et des oeufs. Et je fais aussi de la peinture abstraite, et des aquarelles. J'ai beaucoup travaillé à l'Académie des Beaux-Arts que j'ai fréquentée dans les années 60.

 

JR. : Vous avez apporté une photo représentant une voiture pleine de sculptures. Qui sont tous ces gens qui sont dedans ?

N.VI. : C'est ma voiture et ce sont mes amis.

 

JR. : Oui, j'avais bien vu vos poissons, et vos œufs ; mais je pensais qu'il fallait les considérer comme les attributs de toute cette noblesse que vous sculptez. Au même titre que les bijoux.

N.VI. : Oui, c'est bien ce dont il s'agit.

Cet entretien a été réalisé à BANNE, au Festival d'Art singulier, Art d'aujourd'hui ", le 17 juillet 2009.

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