JEAN-JACQUES ROYO, peintre

Entretien avec Jeanine Rivais.

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Jeanine Rivais : Jean-Jacques Royo, comment définissez-vous votre travail que je découvre aujourd'hui ?

Jean-Jacques Royo : C'est vraiment difficile, parce que j'ai tellement exposé dans tous les sens que je ne sais trop que dire…

 

JR. : Vous êtes tout de même très proche de la bande dessinée ?

JJ.R. : Tout le monde me le dit. Il est vrai que j'étais un fan de BD quand j'étais petit. Il en reste donc quelque chose.

Et puis, surtout, je crois qu'il y a un côté libertaire ?

 

JR. : Je serais peut-être allée jusqu'à dire " anarchiste " ?

JJ.R. : On peut le dire. D'autant plus que mes convictions le sont ! Je ne supporte pas la souffrance du monde, alors je l'expose sur mes toiles pour me soulager, car vu la violence de ce que je ressens…

 

JR. : Mais, mis à part quelques œuvres qui sont tout à fait tragiques, vous l'exposez de façon très humoristique ?

JJ.R. : Je me dis que dans le monde, on peut toujours rire de la connerie ! Et effectivement, je recherche ce côté humour. Et si on ne rigole pas, alors, comment vit-on ?

 

JR. : Je voulais parler de la relation entre les mots, les phrases et les images : qu'est-ce que les mots ajoutent à vos tableaux ?

JJ.R. : Enormément ! Parfois, un mot ajoute énormément ! Même un petit mot : il ponctue l'œuvre. J'adore les mots…

 

JR. : Quand vous mettez une flèche blanche et que vous écrivez dessus " Pas de passage " pour " passage interdit ", ou " No way "… qu'est-ce que cela ajoute au dessin ?

JJ.R. : C'est le sens obligatoire, la dénonciation des stéréotypes… Là, je dis aux gens " faites comme ça. Ne faites pas comme ça… " Il faut être contre les stéréotypes. Même si mon personnage en souffre, parce qu'il n'arrive pas à se décider. Finalement, il part dans l'autre sens. " Métro, boulot, impôts "… Il n'y a pas que cela dans la vie…

Mon fils a seize ans, il me dit toujours : " papa, je ne veux pas faire toujours la même chose dans ma vie, j'ai envie de m'exploser ". Malheureusement, il n'y a pas que la jeunesse qui n'a pas que des beaux jours devant elle !

 

JR. : Commet vous rattachez-vous à l'Art insolite ?

JJ.R. : Je trouve que le mot proposé par Thierry Bariolle est vraiment bien trouvé. Il a dit : " Je ne veux pas mettre " Singulier " parce que les gens sont tellement sécurisés dans leur terme, que " insolite " va les en sortir. Insolite, c'est insolite, tout de même !

 

JR. : Par ailleurs, votre travail est très proche de celui de certains artistes contemporains. Je dirai que vous avez un peu hérité d'Andy Warhol, etc. Vous partez du quotidien le plus réaliste pour le transformer…

JJ.R. : C'est vrai. J'ai beaucoup regardé le travail d'Andy Warhol, Basquiat… Mes premières peintures, celles des années 90, relevaient de la Figuration Libre. Mais je préfère le terme " insolite ".

 

JR. : Mais alors, comment vous définissez-vous dans l'insolite ?

JJ.R. : C'est la question que l'on me pose tout le temps. Mais comment peut-on se définir ? Si je savais ce qu'est, l'insolite, je serais poète ! Or, je ne suis pas du tout littéraire !

 

JR. : Disons que vous vous sentez tout à fait à l'aise dans cette mouvance ?

JJ.R. : Tout à fait. Cela me fait rire, cela m'éclate…

Court entretien réalisé le 17 juin 2007, à Nottonville.

VOIR AUSSI TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "JEAN-JACQUES ROYO ET LE MAL DE VIVRE" : RUBRIQUE ART SINGULIER.

Un autre compte-rendu de festival

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