Entretien avec Jeanine Rivais.
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Jeanine Rivais : Werner, parlez-nous de l'origine de votre monde de gargouilles, diables, volatiles en tous genres
Werner Renzel : Je crée depuis 1945. Mais j'ai commencé les céramiques il y a environ vingt-cinq ans. Avant, j'étais professeur des Beaux-Arts à Munich, et je travaillais avec des élèves. A cette époque, j'ai commencé à regarder les gens avec humour. Et j'acela m'a amené à créer des sortes d'animaux. J'ai commencé par des dragons. Les dragons, personne n'en a jamais vu ! On ne les connaît pas. Mais on sait que ce sont des monstres. J'ai donc fait des monstres, mais des monstres qui rient un peu. Très vite, j'ai vu que les gens riaient en regardant ces animaux mythiques, ces animaux de fables, qui n'existent pas, mais qui ont le pouvoir de faire, en souriant, regarder le futur.
L'aspect le plus agréable de mon travail, c'est de donner aux gens l'envie de rire.
JR.
: Cependant, ce genre de travail les ramène à tous les
tabous, toutes les hérésies. D'une part ce qui concerne
la religion catholique, les gargouilles par exemple symbolisant tous
les interdits. Et puis, toutes les déviances des autres
religions où sont apparues ces sortes d'animaux.
WR. : Oui, mais dans mon travail, il y a un peu de caricature, pour les religions et la vie humaine. Il faut réfléchir ; et en réfléchissant, trouver des choses positives, optimistes qui agrémentent la vie. C'est bien que chacun, en son cur, prenne un peu de plaisir, malgré la situation. Trouver un point positif pour chaque situation.
JR. : La plupart de vos animaux sont en train de méditer, l'un est en train de se reposer sur son bras, un autre est lové dans une position un peu enfantine, un autre encore est en train de lever son verre à notre santé ?
WR. : Sans doute. Il réfléchit à ce qu'il peut faire maintenant que son verre est vide !
JR. : Le long du promenoir, vous avez exposé toute une série d'animaux qui appartiennent davantage au quotidien : des poules, des canards, des cochons, etc. Comment reliez-vous ces animaux mythiques à ces animaux du quotidien ?
WR. : Le monde est un mélange ! Ces animaux sont une caricature des humains : le coq est très fier, arrogant peut-être. Mais c'est une chose que l'on trouve couramment dans notre monde ! Tout cela est une réflexion sur les variantes des caractères humains.
JR. : Pourquoi, dans ces conditions, ne pas avoir créé des humains qui auraient présenté les mêmes caractères ?
WR. : Avec les animaux, c'est une manière très facile de montrer les travers humains. C'est comme dans les fables, où les caractères humains sont transférés aux animaux. La mythologie grecque a procédé ainsi il y a bien longtemps ; Je pense avoir trouvé ma façon d'exprimer tout cela.
JR. : Il faut donc considérer votre uvre comme un peu philosophique et beaucoup littéraire ?
WR. : Si on veut. C'est un mélange des fables de La Fontaine, de la mythique grecque Un petit miroir pour chacun de nous !
Entretien réalisé au Prieuré de Champdieu, le 1er juin 2008.