MARIE-NOËLLE NOURY ET… MAURICE

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Maurice est né en hommage à Mauricette, la fillette-fille-femme de Francis Marshall, dont les pérégrinations immobiles comblent depuis plusieurs décennies d'humeurs et d'humour noir, une pièce de la Fabuloserie de Dicy, dans l'Yonne. Mais " Maurice fait ses valises ", car Maurice, lui, est un globe-trotter. Il possède, pour le prouver, une belle patinette rouge. Et, bien que très jeune encore, les multiples aléas de sa courte vie couvrent déjà un livre entier de sa conceptrice. Jeune ? En fait, Maurice est sans âge. Sa sagesse est infinie, ses raisonnements exemplaires, son humour réactif du fait du gros bon sens qui le génère. Car chacune de ses attitudes, de ses pensées, de ses décisions, est l'occasion d'un détournement de langage, d'un jeu de mots, d'une allusion à quelque vieil adage. Ainsi, grimpé dans une poubelle, " Maurice est(-il) dans vos petits papiers " ; affalé sur son postérieur, c'est " Maurice assis sur ses positions " ; les pieds rentrés comme ne pouvant assumer le suspense contenu dans son pot plein de jetons de casino, c'est " Maurice a les j'tons " ; alité, l'air de dormir, " Maurice est dans de beaux draps ", etc. D'autant que Maurice reflète de façon très humaine, les bons et mauvais côtés de l'existence : visage triste ou gai, dubitatif ou luron, pensif ou hilare, intériorisé ou extraverti…

Maurice est de taille paradoxale. Avec sa bouille ronde aux gros yeux curieux dardés sur le monde ; son ventre énorme et ses membres raides aux bras terminés par des arrondis préhensiles, il a l'air de peser lourdement sur le sol. Or, il n'en est rien ! Maurice est tout léger, du fait de son ossature grillagée, et sa peau de papier encollé !

Maurice, par contre, est un vrai coloriste : il arbore avec un total naturel ses habits/corps, mélanges arlequinesques de jaune, rouge, noir… Et du bleu. Des bleus, plutôt, seule couleur à être nuancée, du violet le plus vif à l'azur le plus pur !

" Maurice ", affirme son nom, assume sa masculinité. Et pourtant, aucune indication (phallus, moustache…) ne vient corroborer cette assertion. Seules, sa petite crête bleue de cheveux en bataille, et une façon de carrer ses épaules lui permettent d'affirmer que rien de rien ne suggère qu'il n'est pas un homme ! (Ce qui ne les empêche pas -les épaules- d'être pendantes les jours où " Maurice est à côté de ses pompes ", ceux où " Maurice marche sur des œufs ", parce que " Maurice a des pépins ") !

Et côté intellectuel, comment va Maurice ? Est-il un simple ? Un érudit ? Malgré sa grande connaissance déjà évoquée des dictons populaires et des sous-entendus marqués au coin de la culture rurale, rien ne dit qu'il ait avalé un dictionnaire ! Peut-être même, avec tout ce qui lui arrive d'heurs et malheurs, n'a-t-il jamais eu le temps d'aller à l'école ? Qui sait ?

Il serait judicieux, pour Marie-Noëlle Noury, de s'en inquiéter !

Jeanine Rivais.

 

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