(N°s 61 et 62, 1997 et 1998)
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"L'ART EN MARCHE" : Musée en construction à LAPALISSE (Allier).
Entretien de Jeanine Rivais avec LUIS MARCEL,
Directeur de la GALERIE DES 4 COINS à ROANNE et fondateur de ce musée.
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Jeanine RIVAIS: Luis Marcel, quel nom donnerez-vous au futur Centre d'Art que vous êtes, au sens littéral, en train de construire ?
Quelle en sera la définition, et quelle gamme d'oeuvres Couvrira-t-il ? Art singulier ? Ou beaucoup plus éclectique ?
Luis MARCEL: Ce sera un musée. Mais le mot "musée" sera écrit en tout petit, parce que je veux appeler ce lieu "L'Art en marche" ou "Collection Idéale", comme il y a le Palais Idéal du Facteur Cheval.
Le
musée proprement dit comprendra deux grandes salles. Une autre
salle sera la galerie actuellement à Roanne, qui va être
transférée ici et dans laquelle j'exposerai mes
artistes, une vingtaine d'oeuvres à la fois, en expositions
personnelles ou collectives. Entre ces salles, il y aura "le coffre"
où je conserverai le fonds d'oeuvres achetées depuis
que je me préoccupe d'art.
Il y aura ensuite une partie "associative", parce que nous allons créer le premier centre pour les Classes d' Art : donc, un musée comme outil pédagogique. L'enseignant et l'artiste qui seront là avec les élèves n'auront qu'une porte à ouvrir pour être au milieu des oeuvres. Il y aura trois ateliers.
J. R. : Qu'entendez-vous par "Classes d'art" ?
Luis Marcel dans une des salles du futur musée.
L.M. : c'est le même principe que les chasses de mer ou les classes de neige, à la seule différence que pendant une semaine, les enfants seront dans des ateliers. Il ne s'agit pas de prétendre leur enseigner la peinture ou la sculpture en une semaine, mais de leur faire découvrir ce qu'est la liberté créatrice.
Comme j'ai 18 ans de pratique pédagogique, la pédagogie est pour moi essentielle et je veux que le musée soit un véritable outil ! A partir de cette idée, il faudra qu'il soit didactique. Nous parlions tout à l'heure d'Art brut : il y en aura, avec des explications claires de ce qu'est l'Art brut; et la différence avec l'Art singulier, toute cette tranche d'Art contemporain qui lui est trop souvent assimilé ! Pour moi, il s'agit d'Art contemporain à part entière, bien que négligé jusqu'à maintenant par le grand public. Je souhaite que ce musée devienne le lieu de vie de ce qui est appelé l'Art marginal, non que les créateurs se soient marginalisés, mais parce qu'ils l'ont été par le système en place! A mon sens, cet Art contemporain est bien vivant, et les artistes qui s'y rapportent sont les véritables représentants de cette liberté créatrice dont je parlais tout à l'heure à propos des Classes d'Art, et que je veux faire découvrir aux enfants.
J'attache beaucoup d'importance à l'idée de ces panneaux explicatifs, afin que tout visiteur ressorte entièrement documenté sur ce qui l'intéressait a priori, comme sur ce qu'il aura découvert au cours de sa visite ! Il connaîtra des noms, des démarches artistiques ; saura pourquoi des artistes contemporains comme Chichorro par exemple, ont été irrémédiablement classés dans l'Art brut, etc.
Il y a eu trop d'erreurs commises en fonction des modes et des systèmes muséaux ! D'où la création de ce musée. Il ne sera pas un lieu marginal, mais il accueillera des artistes marginaux non par volonté, mais par impossibilité de faire autrement !
J. R. : Quelles seront les conditions d'inscriptions dans ces ateliers ?
L. M. : Les enseignants devront effectuer les démarches comme pour toutes les classes périscolaires.
J. R. : Il faudra donc qu'ils soient de la région ?
L. M. : Pas du tout. J'ai fait adresser à chaque responsable de toutes les académies de France, une documentation. A partir de fin septembre, tous seront au courant de l'existence de ce lieu.
J. R. : Comment résoudrez-vous alors le problème de l'hébergement ?
L.
M. : Il se fera dans le collège qui est à 100
mètres ou dans le Collège agricole qui est à un
kilomètre. Lorsqu'ils ont été construits, chacun
d'eux avait plus de 100 internes. Maintenant, il n'yen a plus que 45,
en deux classes de sport-études: nous avons donc toutes les
infrastructures nécessaires, aux normes de l'Education
Nationale, pour accueillir élèves et enseignants.
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J. R. : Qu'est-ce qui vous a déterminé à vous installer à Lapalisse ?
L. M. : Simplement parce que nous y avons été bien accueillis. La municipalité a cru au projet.
En plus, la situation géographique de la ville est remarquable : proche de la Transeuropéenne, de l'autoroute de Clermont ; et nous sommes au centre de la France; très près, d'ailleurs du centre de l'Europe, puisqu'il se situe dans la Nièvre. Lapalisse est proche également de nombreuses villes importantes (Vichy, Nevers, Mâcon, etc.)
Luis Marcel dans la future galerie, avec Pascal et Michel Smolec.
J. R. : Quel sera le statut de ce musée ? Sur quelles aides pouvez-vous compter ?
L. M. : Ce sera un musée privé, sans aucune aide extérieure. La structure juridique en sera associative. J'en suis le créateur, mais comme vous le voyez, je n'en suis pas le maître d'oeuvre.
J. R. : Comment avez-vous sélectionné les artistes destinés à y exposer ? Ont-ils envoyé des dossiers ? Etes-vous allé les chercher ? Est-ce en fonction de la Galerie des 4 Coins ? Etc.
Ce projet est-il en gestation depuis longtemps ?
L. M. : Depuis 8 ans. Je pense qu'il sera ouvert à l'automne 97.
Il y aura deux types d'expositions : quelques artistes auront des espaces déterminés au départ, dans lesquels ils mettront en scène leurs oeuvres: Jean-Pierre Chauveau, Josette Rispal et Jacques Braunstein se sont déjà proposés. D'autres le feront, peut-être?
J. R. : Danielle Jacqui ?
L. M. : Danielle Jacqui aura sa place dans l'entrée, puisqu'elle a réalisé la décoration des armoires. Mais elle n'a pas manifesté le désir de venir ici mettre des oeuvres en scène. Bien sûr, si elle le souhaite, elle sera la bienvenue.
J'ai pour principe de ne jamais rien demander à qui que ce soit. Car je ne veux pas me sentir comptable vis-à-vis de personne, ni m'enfermer dans un système de dettes morales que je refuse complètement.
J. R. : Donc, unité et liberté absolues de choix; indépendance totale de choix !
Comment organiserez-vous les expositions ?
L. M. : Elles dureront six mois, mais
les " espaces " resteront plus longtemps. Car une artiste comme
Josette Rispal est capable de créer un environnement fabuleux;
et un espace
comme celui de Jacques Braunstein est unique au monde. Cela n'a
jamais été vu, puisque personne n'a jamais voulu
l'exposer !
J. R. : J'avoue ne pas le connaître ...
L. M. : Eh bien ! Vous ferez sa connaissance ici ; car l'originalité du musée sera de présenter des oeuvres que personne ne connaît, afin de se différencier des autres musées déjà existants.
J. R. : Ces artistes-là seront donc au musée de façon permanente ? Pour les autres, comment comptez-vous renouveler l'apport des artistes ?
Oeuvre de Josette Rispal.
L. M. : Au début de ma carrière, je devais prospecter pour les trouver. Mais vu le nombre de propositions que je reçois maintenant, mon travail est très facile!
J. R. : En attendant que "les artistes" viennent à vous, ne risquez-vous pas de "manquer" l' " Artiste " ?
L. M. : Non, parce que celui-là connaît la Galerie des 4 Coins, et sait comment me contacter!
J. R. : Quelle vie voudrez-vous insuffler à votre musée ?
L. M. : Je veux en faire un lieu extrêmement convivial, avec des tables, des consommations possibles ... D'ailleurs, plusieurs des artistes que j'ai déjà exposés sont en train d'acheter les maisons à vendre de Lapalisse, pour y faire des ateliers-galeries. Ainsi pourrons-nous créer dans la ville un immense circuit artistique, en plus du château et du musée de sculptures vivantes. En effet, nous avons prévu d'installer dans les deux ans qui viennent, 250 sculptures dans la ville de Lapalisse.
J. R.: Donc, dans les deux ans, Lapalisse Centre International d'Art ?
L. M. : Le Maire dit à tous les journalistes qui viennent l'interviewer, que Lapalisse sera le Vallauris de l'an 2000 !
Une chose est sûre, quand les gens verront les artistes que nous exposerons dans ce musée et dans la ville, ils ne pourront que constater l'effort fait en direction des créateurs singuliers peu ou pas connus !
Entretien réalisé le 4 août 1997, à Lapalisse, sur le chantier du futur musée.
Le 6 décembre 1997, a été officiellement ouvert, en attendant l'inauguration prévue au printemps 1998, du
MUSEE DE L'ART EN MARCHE, de LUIS MARCEL, à LAPALISSE (Allier).
(Visite de Jeanine Rivais).
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Une
fois coupé le cordon inaugural, se sont succédé
dans la belle galerie attenante au musée, et où le
nouveau conservateur proposait un hommage à Gaston Mouly et
Simone Le Carré-Galimard, une série de
discours.
Passons sur ceux, pléthoriques des responsables locaux qui, à l'exception du Maire immédiatement conquis par la proposition, n'ont été que tardivement séduits par le projet de Luis Marcel. Et qui, singulièrement, ont bien souvent "oublié" ce dernier pour ne voir, finalement, dans la réalisation du musée qu'une occasion de drainer vers la région, une foule de touristes.
Heureusement, trois interventions se sont avérées pleines d'intérêt, de chaleur, voire d'émotion grave : celle de Mario Chichorro, désormais Président de l'Association l'Art en Marche, Celle très courte, de Luis Marcel, et celle de Madame Soulet lisant une lettre très affectueuse de Danielle Jacqui.
De tels moments valent de rester debout et attentif, et de se sentir fier d'être de la fête !
Texte de Mario Chichorro :
Mesdames, Messieurs, chers enfants, jeunes gens,
Permettez qu'en premier lieu, je vous exprime mon sentiment de gratitude, mon enthousiasme et aussi, hélas, ma petite vanité d'artiste pour le fait d'avoir été désigné Président de l'association "L'Art en Marche". A l'âge de prendre ma retraite, cette charge va sûrement amorcer un nouveau tournant, bien agréable, dans ma vie d'artiste peintre.
Toute
ma peinture, je l'ai réalisée dans ce pays magnanime et
accueillant qu'est la FRANCE, où j'ai eu beaucoup de chance,
au point de me considérer comme un artiste heureux. Ce bonheur
que la pratique d'un art m'a offert, m'incite naturellement à
le partager avec les autres; les autres qui sont bien sûr les
enfants, les jeunes gens, les adultes, les personnes
âgées, ceux qui travaillent, ceux qui ne travaillent
pas, sans distinction d'âge, de personnalité ou de
situation sociale.
Que l'on puisse obtenir du bonheur par l'exercice de l'art, j'en suis sûr, mais ce n'est pas là sa principale finalité. L'Art est le miroir de l'homme, miroir qui lui montre toujours son meilleur profil, cela dans toutes les civilisations, et dans toutes les époques. Pour chaque artiste en particulier, le miroir de l'art qu'il pratique lui donne l'image de son intérieur. Cette image lui permet de se connaître lui-même et par là de s'améliorer ; et d'améliorer aussi, sa relation et son dialogue avec les autres. Ce dialogue deviendra alors sincère, en profondeur, contraire à la langue de bois, un dialogue dirai-je, de subjectivité à subjectivité.
Pour réaliser ce programme, voici le lieu nouveau, efficace et ambitieux qui sera mis à la disposition de tous : L'ART EN MARCHE.
Permettez, maintenant, que je vous parle un peu des rapports de L'ART EN MARCHE avec L'ART BRUT : Quand l'Art brut a été découvert, les rares personnes qui s'y intéressaient croyaient qu'il était seulement produit par des gens sans culture, des malades mentaux, des prisonniers des asiles et des pénitenciers qui faisaient des objets insolites, très personnels et en dehors de toute influence culturelle. Des marginaux, en somme.
Avec le temps, cette façon limitative d'aborder l'Art brut a beaucoup évolué. Certainement les purs de cet art continuent d'exister ; mais d'autres artistes, cultivés, souvent des professionnels, ne correspondant pas du tout à ces critères, ont commencé à faire de la peinture d'une façon proche de l'Art brut ; cela par désir de spontanéité, désir de libération du poids culturel des écoles et désir de personnaliser davantage leur expression propre.
De ce fait, cet art, auparavant confiné, entra dans le domaine public et actuellement l'Art brut appartient à tout le monde et est devenu l'art que tout le monde peut pratiquer. Certainement, a-t-on perdu en pureté ; mais on a gagné en utilité et même en universalisme.
Ici, dans cette institution de L'ART EN MARCHE, dans son musée, dans ses collections, dans sa galerie et dans ses ateliers, toute la place sera donnée à l'Art brut et à ses dérivés qui sont L'ART HORS-LES-NORMES, la NEUVE INVENTION, la CREATION FRANCHE, les OUTSIDERS, etc. L'Art en Marche a ses racines dans l'Art brut, et en conséquence ne sera jamais une entreprise de cargaison, de transport ou de livraison de la culture ni des concepts. Bien au contraire, L'Art en Marche sera une entreprise de décapage, de nettoyage à sec et en profondeur de façon que chacun retrouve son être profond à son état propre, vrai et brut.
Voici
également la nouveauté essentielle de l'Art en Marche
qui le distinguera de toute autre démarche artistique
déjà existante et le justifiera : l'ouverture d'une
nouvelle école de peinture que nous appellerons ECOLE DE
LAPALISSE. Le lieu pour réaliser ce programme est devant vous,
les esprits qui l'animent sont ici présents, et je vais vous
les nommer : LUIS MARCEL et MONSIEUR LE PROVOST, Maire de Lapalisse
dont les actions furent déjà fondamentales pour la
réalisation de L' ART EN MARCHE qui ne marcherait jamais sans
eux... Que dis-je? Qui ne serait même pas né.
Luis Marcel est un vieil ami, et c'est pour cette raison que je ne l'appelle pas "Monsieur". C'est lui qui a eu l'idée, qui l'a rêvée et mise en marche. Ancien éducateur et soignant de jeunes déficients mentaux, sculpteur pendant longtemps, marchand d'Art hors-les-normes et d'Art brut... Ce n'est donc pas étonnant que la création de l'Art en Marche soit son initiative et le résultat cohérent de son parcours. Luis Marcel associe à une imagination d'artiste une solide détermination; et ces deux qualités garantissent le succès de l'Art en Marche.
En même temps que Luis Marcel, je nomme Monsieur Le Provost, Maire de Lapalisse qui a approuvé l'idée, l'a soutenue avec force et franchise, l'a transmise et expliquée à la population de Lapalisse que je crois conquise et participante à ce projet.
Monsieur Le Provost, je crois bien qu'il fait comme les peintres. Il a en effet regardé son tableau de près pour les détails et aussi de loin pour l'aspect général. Il a prévu, ainsi, l'effet de transformation déclenché par son projet dans le paysage social et urbain de la ville de Lapalisse. Monsieur Le Provost a sauvé une vieille usine abandonnée menaçant de devenir une ruine et a donné à cet espace une fonction de valorisation culturelle et artistique de sa ville et de ceux qui la visiteront.
Cette action s'intègre, aussi, parfaitement dans cet esprit général qui domine notre fin de siècle dans toute l'Europe, à l'aube du troisième millénaire ; esprit que j'appellerai de récapitulation, qui nous fait chercher et contempler les lieux de mémoire. Esprit de fin de siècle qui appelle notre attention vers les objets du Patrimoine national et régional qui nous a été confié par nos pères.
Monsieur le Maire, vous nous avez montré que c'est avec les ruines du passé que l'on construit le monde à venir. Cela est la marque d'un bon gestionnaire, cela est la marque d'un politicien comme on les aime.
Je dois aussi saluer tous les membres de l'association l'Art en Marche qui, avec dévouement ont fourni un travail bénévole pour cette réalisation, souvent au détriment de leurs loisirs. A tous, un grand merci et nos voeux pour que l'ART EN MARCHE marche avec bonheur et pendant longtemps.
Texte de Luis Marcel :
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Il n'y a rien à ajouter aux paroles qui viennent d'être prononcées par notre Président et ami Mario Chichorro. Il a brossé avec talent le tableau de l'Art en Marche qui, comme vous l'avez tous compris, est un espace de liberté.
Ce
lieu vibre déjà à travers ces mots... Les
tableaux accrochés aux murs, les sculptures mises en
scène, toutes les oeuvres que vous avez pu découvrir,
se sentent désormais chez elles et vivent déjà
dans ce lieu qui n'avait pas été initialement
prévu pour accueillir un musée.
En effet, ce lieu vibre encore d'une histoire très récente... L'émotion que je ressens en ce jour est d'autant plus vive qu'il me revient en mémoire ces instants où, pour la première fois, nous sommes entrés dans "l'usine", où nous avons découvert le lieu en l'état -la poussière en plus- où les ouvriers de la maroquinerie l'avaient quitté quelques années plus tôt ! Etaient encore là, dans les vestiaires métallique, le quignon de pain pour le casse-croûte du matin, dans le sac de supermarché, avec les pantoufles de l'ouvrière...
150 artistes vont désormais remplacer les 150 ouvriers grâce auxquels Lapalisse avait le privilège de détenir un savoir-faire envié de tous, dans l'Art de la maroquinerie. Je souhaite qu'à travers la réussite du projet, ce lieu apporte à la Ville et à sa population des retombées économiques et culturelles notables -aujourd'hui, par exemple, je crois savoir que tous les hôtels de la ville sont complets... Je peux aussi dire que nous avons la volonté d'accorder la gratuité à tous les établissements scolaires de Lapalisse...
Ce lieu vibre, enfin, de la complicité de tous les artistes et amis qui ont accompagné ce projet depuis deux ans, bien entendu bénévolement ; mais de plus, dans une passion partagée qui m'a, toujours, énormément touché. Je voudrais les citer : Léon et sa femme Elisabeth, Bernard et Marie-Jo Chevignon, Patrice Girard, René Munch, Martine Cougnenc, Joël Biron, Pascal François, Zhora, Gilles Sollier, Monsieur Pascoli, Françoise Chaix, Jacques Braunstein, Cristina Tavarès, Raphaël, Marie Vergne, Laurence Cougoulou... Qu'ils en soient, ici, très sincèrement remerciés, et qu'ils sachent que, sans eux, cette aventure n'aurait pas existé.
Je voudrais aussi remercier tous nos mécènes dont le soutien a été déterminant dans la réalisation de ce site : Monsieur Kabalo, de Becker Industrie -le premier à répondre favorablement- Lafarge Plâtre, Monsieur Aymard de Seyroux, Jean-Louis Callier de Roanne-Boissons, Hervé Mons, Fromageries de l'Auvergnat...
Enfin, et surtout, toute ma gratitude va vers Monique Soulet, mécène discrète mais indispensabl ; et vers Bernard Le Provost et toute son équipe municipale dont la détermination à mener à bien cette entreprise a été sans relâche, dans les bons comme les mauvais moments ; détermination certes, mais toujours accompagnée du souci de rester le garant des finances de la commune et le défenseur des intérêts de tous les contribuables.
Alors, maintenant, comme l'ART... MARCHONS et le plus longtemps possible ensemble... mais pour cela, nous avons besoin de vous tous ici présents... Alors, ne partez pas sans avoir acheté des "vérités", devenant ainsi membres bienfaiteurs de L'ART EN MARCHE !
Texte de Monique Soulet :
Excusez-moi
d'être aussi émue ! Je voulais vous dire
brièvement que le texte de Mario Chichorro représente
la fête, que les mots en sont très exactement ceux qu'il
avait demandé d'écrire ; et que la
réalité de son oeuvre est sur le mur que vous avez pu
voir à l'extérieur du bâtiment : sur cette
fresque, se trouvent Henri Il et François 1er. Ils
étaient bien, ces deux-là ! C'était la
Renaissance, une grande époque. Maintenant, nous sommes bien,
aussi, et bien vivants... et nous voulons une renaissance pour nos
vies. C'est ce que représente la fresque de Mario, et le
message qu'il a voulu nous transmettre.
Je crois extrêmement important de vous faire aussi comprendre la qualité et la générosité des artistes qui sont présents dans ce lieu, dans ce musée ; et l'amour qu'ils sont capables de donner. Pour ce faire, je vais vous lire une lettre qui m'a été adressée personnellement. Son auteur est une artiste peintre qui n'est malheureusement pas là aujourd'hui; mais qui a peint les portes des armoires que vous avez vues à l'entrée du musée. Cette lettre est un peu longue, mais je voudrais véritablement que vous acceptiez de l'écouter jusqu'au bout :
Monique Souiet lisant la lettre de Danielle Jacqui.
Chère Monique,
J'étais fatiguée. Je voulais
faire la sieste, dormir. Il faut le décider, de vouloir cette
paix. Mais dès que j'essaie, je suis assaillie par les mille
choses que je veux faire et qui me travaillent le corps si fort que
je me relève et que j'entreprends. J'ai voulu venir à
toi qui prends beaucoup de mes pensées depuis que j'ai appris
ta difficulté d'étape, tes souffrances par la phase de
ta maladie... Je pense à toi et en même temps j'essaie
de fuir. Fuir ! Car quelque part, je suis toi, je serai toi,
coincée à un moment ou à un autre au
détour du chemin. Je porte cela au fond de moi, tant nous
sommes tous seuls quelque part, et tant la détresse de l'une
devrait être celle de toutes les autres. Alors, je vais dans la
colline au-dessus de chez moi, armée d'un sécateur et
d'un râteau, et je débroussaille des ronces, et je coupe
des branches, et j'écoute les oiseaux qui font leur concert.
Et j'essaie de me réjouir des prémices du printemps qui
font déjà fleurir les amandiers. Cela sent bon la
menthe fraîche que j'écrase ! Ferme les yeux, viens avec
moi. Il y a eu du houx et du gui, c'est Noël... et des sortes de
champignons qui peuvent être, au fond, des truffes. Au fur et
à mesure, je polis la nature à ma volonté. Je
veux être
la maîtresse des arbres, je les veux ni trop longs ni trop
courts. C'est lent, laborieux, et petit à petit, cela prend
forme. Tu vois, les pins si hauts si grands et si fragiles car ils
manquent de racines : ils me font peur ; j'ai peur qu'ils ne tombent
au-dessus de ma chère maison par un beau jour
d'été ; ou bien qu'ils ne s'écrasent sur le toit
un jour de tempête. Ils sont les rois du ciel, ils nous
défient; et je hoche la tête et je m'échappe
encore et encore et tu ne vas plus rien comprendre.
Pourtant, je peux, je veux t'aider un peu, d'amitié, d'affection. Je peux, je suis capable de m'oublier et de partir en toi, pour toi, me concentrer et penser à toi si fort que-je-que-je te prêterai mes ailes ! Mes deux" ailes" de Danielle, capables de nous emmener toi et moi chevaucher les étoiles, chevaucher les nuages, survoler les océans et les continents.
Je voudrais que tu aies mon message porte-bonheur, mon message-poème. Je t'admire, toi qui as montré que tu sais dompter le destin. Sois forte, sois belle, ma soeur, ma petite soeurette. Dépassons les frontières et mordons le destin en apprenant à le surmonter, à le gagner, à le rendre sympathique. Rentrons en amitié, tous.
Je t'embrasse.
Danielle.
Danielle Jacqui, Celle qui peint, est une dame d'une générosité folle. Elle fait partie de ces artistes que l'on classe dans l"'Art brut", cet art qui est lui-même d'une telle générosité ! Je crois, par conséquent, que ce Musée d'Art brut est l'expression même de tout ce que ces artistes sont capables de donner.
Portes de placards de l'entrée peintes par Danielle Jacqui, Celle qui peint.