K-ROL, peintre

Entretien avec Jeanine Rivais.

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Jeanine Rivais : Vous vous appelez K-rol : Est-ce seulement pour une question phonétique ?

Krol : Non. En fait, mon prénom est Carole, et mon nom de famille Cordier. Pendant très longtemps, je trouvais que Cordier était un nom remarquable, parce que les gens s'en souvenaient facilement. Mais pour un artiste, ce n'est pas l'idéal, parce que tout le monde s'esclaffe : " Ah oui ! Cordier, Juge et Flic ! " J'ai donc préféré gommer Cordier, et garder Carole mon prénom puisque qu'il y a plus de quarante ans que je le porte, et je ne vois de raison de le changer. En outre, je trouvais cela rigolo, et on dit que je suis rigolote ! Et j'ai écrit K-rol avec un k…

 

JR. : Je ne définirai pas votre travail comme étant " rigolo " ! Je dirai que nous sommes au contraire dans une perspective extrêmement calme, presque touristique. Certaines toiles donnent l'impression de voyager dans des lieux un peu exotiques, comme le Moyen-Orient, par exemple, puisqu'il y a plusieurs minarets…

K. : C'est un peu plus loin que cela : J'ai eu la chance de vivre jusqu'à l'adolescence, au soleil, en Afrique, à la Réunion et en Nouvelle-Calédonie, et toutes les couleurs viennent du Pacifique. En effet, ce pourrait être du tourisme, sauf que, à part une toile qui représente un paysage existant -celui de l'Ile des Pins qui est la plus proche du Paradis- le reste ne propose que des paysages inventés, un monde de rêve, un monde fantasmé, sauf les couleurs ! Peut-être pas la mer qui est violette. Mais les ciels sont les couchers de soleil de là-bas. Tout cela était ancré au fond de ma mémoire.

 

JR. : Pourquoi des yeux extrêmement bridés, alors que les personnages n'ont rien d'asiatique ? A la limite, on dirait des yeux qui ne voient pas !

K. : Je ne les vois pas bridés. Pour moi, ce sont des yeux qui parlent. Très souvent, il est inutile de parler pour faire passer les messages…

 

JR. : D'autant que souvent, ils n'ont pas de bouche.

K. : En effet, parce que je pense que les messages peuvent passer par l'attitude et les yeux.

 

JR. : Donc, sous les apparences d'une œuvre directement lisible, se cache un deuxième plan qui est psychologique ?

K. : Oui.

 

JR. : Si j'avais vu votre travail ailleurs que dans une exposition d'Art singulier, j'aurais pensé qu'il avait tout à fait sa place dans l'Art contemporain. Comment estimez-vous vous rattacher à l'Art insolite ?

K. : Je ne me rattache peut-être pas à l'Art insolite par mon travail, mais par mon esprit. Je ne me suis jamais sentie aussi bien dans une exposition qu'aujourd'hui. Et je suis heureuse ! En voyant les œuvres des autres, j'en prends plein la figure, et je suis super contente ! Ce qui est présenté me touche toujours avec beaucoup d'émotion, quelle que soit l'émotion. Je me sens bien ici.

Court entretien réalisé le 16 mai 2007 à Nottonville.

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