JACQUES GRINBERG (Peintures et dessins). ILYA GRINBERG (Gravures) . FRANCIS SCHKLOWSKY(Photographies)
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Chaque année, Jacques Grinberg publie un ouvrage, mélange de phrases, proverbes, aphorismes, etc. Textes auxquels il ajoute des peintures et des dessins au pinceau ; des gravures de son fils, Ilya Grinberg. Et, en 2006, ils ont ajouté de belles photographies de Francis Schklowsky.
Jacques Grinberg .------------------Ilya Grinberg----------------------Francis Schklowsky
Voici, prises au hasard, quelques citations glanées au fil de l'ouvrage :
-Mao, sur mes lèvres, tu trouveras les notes de musique pour ton dernier repos.
-Tu vois la petite fenêtre bleue dans le rouge, c'est le carré que tu as gravé dans mon coeur.
Epitaphe : -J'ai rien contre mes voisins.
-A Lourdes, l'eau lourde soulage les pieds lourds des lourdauds.
-Elle faisait du crochet avec les nerfs, pull à fleur de peau.
JACQUES GRINBERG ET LA NOUVELLE FIGURATION
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1962
: Arrive en France, via Israël où il a suivi pendant
quatre ans les cours des Beaux-Arts, un jeune Bulgare de 21 ans,
désireux de s'éloigner de sa culture pour se confronter
à un art international.
A la même époque, naissent de nouvelles idées, de nouvelles propositions de figurations, chez des artistes qui tentent d'échapper à l'emprise des courants étouffants de l'après-guerre. Picasso, notamment lance l'idée d'une Nouvelle Figuration. Sous ce label, dont il devient par conséquent l'un des pionniers, Jacques Grinberg réalise à Gand, en 1963, une importante exposition. D'autres suivront, à Bruxelles, à Paris notamment aux galeries André Schoeller et Cérès Franco, etc jalonnant depuis lors près de quarante ans de réflexion, de travail, de talent mis au service de cette expression picturale.
Y sont proposées chaque fois des
oeuvres jetées sur la toile ou le papier, comme des "visions"
qui, une fraction de seconde, éblouiraient l'imagination du
peintre ; des oeuvres dont le thème (Tchador, Corridor
d'hôpital Mélancolie) permet à l'artiste
d'affirmer
son ouverture permanente sur le monde, de s'y impliquer, bref
d'être témoin de son temps. En même temps, le
poète caché sous le peintre, recrée des mythes
(L'Oiseau de feu), des légendes..., rendant ainsi son
oeuvre intemporelle. Parfois, le côté ludique l'emporte,
comme dans L'oiseau où l'artiste s'est attaché à
exploiter les erreurs du "technicien" ; ou encore dans Le diable des
peintres, présentant deux pinceaux, l'un noir l'autre blanc,
dressés de part et d'autre d'une machine à
sous...
Cette
longue et multiple recherche accompagne la précision du geste,
la faculté immédiate qu'a le dessinateur Jacques
Grinberg, de donner à une courbe telle inclinaison
signifiante, à un trait telle épaisseur ; faire
d'emblée surgir le personnage ou l'objet qui vont naître
sur la toile
Dans le sillage du dessinateur, apparaît le coloriste ; car Jacques Grinberg a l'art de faire se côtoyer des couleurs violentes sans qu'elles se heurtent ; renforcer le trait sans l'alourdir; faire vibrer ses personnages grâce à une brosse surchargée (La tasse de café) ; traduire au contraire l'angoisse ou La cécité... par la matité des couleurs. Mais surtout, il sait garder à l'oeuvre un côté non-fini, non-apprêté, ne pas la lasser, ne pas la violenter, la laisser en devenir... A cet effet, le "fond" est traité comme le "sujet" : en aucun cas, il ne doit provoquer une dissonance qui, relevant de l'esthétique, ferait perdre à l'artiste le sens de sa démarche picturale.
Les
toiles côte à côte attestent de cette
démarche longuement réfléchie : Jacques Grinberg
produit un travail résolument figuratif, sans se refuser
l'apport de la tache, de la ligne issues jadis de l'abstraction ;
pose un regard critique sur chaque phase de sa création ; est
parvenu à mettre à l'unisson ses aspirations et ses
tableaux ; à engendrer dans une veine très personnelle,
une oeuvre riche, belle et violente, mais par-dessus tout
élégante.
Jeanine Rivais.