HOMMAGE A SIMONE DE BEAUVOIR

qui aurait eu 100 ans en ce début d'année 2008.

(Paris 9 janvier 1908-Paris 14 avril 1986).

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Romancière et philosophe, elle a partagé la vie et les idées de Jean-Paul Sartre. Tous deux sont enterrés côte à côte au cimetière du Montparnasse à Paris.

 

Menant jusqu'alors une vie aisée, les parents de Simone de Beauvoir sont après la Première Guerre mondiale ruinés par le grand-père banquier, déclaré en faillite. La relation du couple se dégrade, et l'enfant souffre de cette situation. Comme elle souffre de la déception de son père qui voulait un fils, et lui déclare sans cesse qu'elle a " un cerveau d'homme ".

A quinze ans, Simone de Beauvoir " sait " qu'elle deviendra un grand écrivain. Au fil des années suivantes, elle obtient de nombreux diplômes (licences de grec, latin, philosophie, mathématiques…) Mais c'est la philosophie qui l'intéresse. Elle arrive à Paris pour en suivre les cours à la faculté des lettres de l'université. Elle rencontre d'autres jeunes intellectuels, dont Jean-Paul Sartre. Une relation devenue un véritable mythe se noue entre eux et, malgré des heurts, durera jusqu'à leur mort. Elle sera pour Sartre " son amour nécessaire ", par opposition aux " amours contingentes " que tous eux seront amenés à vivre.

Devenue professeur de philosophie, elle est mutée à Marseille, puis à Rouen, enfin à Paris. Mais elle est renvoyée de l'Education nationale à cause de ses relations homosexuelles avec une de ses élèves.

Son premier ouvrage " Primauté du spirituel " est refusé par les éditeurs. Mais en 1943, " L'Invitée " dans lequel elle décrit ses relations avec Sartre et Olga, connaît un succès immédiat.

Avec d'autres intellectuels (Sartre, Aron, Leiris, Merleau-Ponty…) elle fonde la Revue " Les Temps modernes ", afin de faire connaître l'Existentialisme à travers la littérature contemporaine. Très engagée à gauche, elle rencontre Castro, Guevara… Elle noue une relation très passionnée avec l'écrivain américain Nelson Algren.

En 1949, " Le Deuxième Sexe " lui apporte la consécration, mais aussi la haine la plus violente du Vatican qui met le livre à l'index, et de François Mauriac. Elle devient la figure de proue du féminisme, écrit beaucoup sur la situation d'infériorité dans laquelle la société maintient la femme. Son analyse de la condition féminine à travers les mythes, les religions, les civilisations, l'anatomie et les traditions provoque un véritable scandale, surtout les chapitres où elle traite de l'avortement, de la maternité et du mariage qu'elle définit comme une institution bourgeoise aussi répugnante que la prostitution lorsque la femme est dépendante de l'homme.

En 1954, " Les Mandarins " lui valent le Prix Goncourt, et elle devient l'une des écrivaines les plus lues dans le monde.

A partir de 1958, elle écrit son autobiographie où elle développe les efforts fournis au long de sa vie, pour sortir de sa condition de femme, concluant que sa relation avec Sartre demeure inchangée, alors qu'en fait, elle s'est beaucoup dégradée.

En 1964, " Une mort très douce " retrace la mort de sa mère, vilipende l'acharnement thérapeutique, évoque avec beaucoup d'émotion l'euthanasie. Elle rencontre Sylvie Le Bon avec qui elle entretient, écrit-elle dans " Tout compte fait ", une relation " amicale ", " mère-fille ", ou " amoureuse ". Finalement, elle adopte la jeune fille qui devient héritière de son œuvre littéraire et de ses biens.

Après la mort de Sartre, en 1980, elle publie " La cérémonie des adieux ", récit clinique des dix dernières années du philosophe. Et dénonciation des influences exercées sur lui, profitant de la baisse de ses facultés intellectuelles pour lui faire admettre " une inclination religieuse " dans l'Existentialisme, alors qu'il était basé sur l'athéisme. Dénonciation également de l'attitude de la fille adoptive de Sartre. Et finalement, cette conclusion : " Sa mort nous sépare. Ma mort ne nous réunira pas. C'est ainsi. Il est déjà beau que nos vies aient pu si longtemps s'accorder ".

 

Toute sa vie, Simone de Beauvoir a milité pour la cause de la femme. Ce qui, en 1993, après la mort du couple, faisait dire à Mirabelle Dors (elle-même ardente féministe qui exigeait que son Salon annuel " Figuration Critique " comporte au moins autant de femmes que d'hommes), " Nous sommes d'autant plus lésés que nous ne voyons plus Sartre et Simone de Beauvoir dans la rue, emmenant leurs étudiants "…

Avec Gisèle Halimi et Elisabeth Badinter, Simone de Beauvoir a lutté pour la reconnaissance de la torture et du viol de femmes en Algérie (cf le Procès de Djamila Boupacha), et le droit à l'avortement. Ensemble, les trois femmes ont fondé le " Mouvement des 343 " et cofondé le mouvement " Choisir " qui fut déterminant dans l'obtention de la loi sur l'autorisation de l'Interruption Volontaire de Grossesse que Simone Weil eut tellement de mal à faire voter.

 

Lorsque Simone de Beauvoir meurt, le 14 avril 1986, ses funérailles sont aussi grandioses que le furent celles de Sartre. S'il fallait ne retenir qu'une SEULE phrase de son œuvre si importante, ce serait : " On ne naît pas femme : on le devient. C'est l'ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu'on qualifie de féminin ".

Jeanine Rivais.

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