PIERRE GEORGES, dit FREDO, dit LE COLONEL FABIEN.

(1919-1944)

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 Certaines vies, et c'est le cas de celle du "Colonel Fabien", sont "pleines de bruit et de fureur"! Né à Paris, inscrit par son père, à l'âge de 9 ans, à la Fédération des Enfants ouvriers et paysans de Villeneuve-Saint-Georges, il meurt à 25 ans déchiqueté par une mine qui tue en même temps plusieurs de ses compagnons, dans son poste de commandement de Habsheim, près de Mulhouse.

Cette courte vie semble si exclusivement consacrée au militantisme qu'il est difficile d'y inclure une épouse à partir de 1938 et une petite fille née en 1940 : deux présences qui, pourtant, l'accompagnent pendant un temps trop bref, dans son existence mouvementée.

Mouvementée, certes, elle l'est, puisqu'en 1933 (à 14 ans !), apprenti boulanger, Pierre Georges est appréhendé par la police alors qu'il écrit des slogans communistes pour le 1er mai. Il est condamné à une amende. En 1936, il part pour l'Espagne, suit les cours d'officiers des Brigades Internationales ; participe aux opérations militaires, ce qui lui vaut d'être blessé trois fois !

En 1939, revenu en France, il est arrêté avec son épouse et ses compagnons, pour "confection et distribution de tracts communistes". Malgré un non-lieu, il est incarcéré à la Compagnie Spéciale des Travailleurs de la ferme de Saint-Benoît. En juin 1940, transféré à Bordeaux, il s'évade du train, se rend à Marseille où, sous le pseudonyme de Frédo, il commence un long et très efficace travail clandestin.

Rentré à Paris, il réalise le 21 août 1941, au métro Barbès, son premier attentat meurtrier contre l'occupant : il abat un officier de la Kriegsmarine. Il échappe de peu à une arrestation, et part en Franche-Comté. Sous son nom de guerre de Colonel Fabien, il devient un des chefs FTP. Il est blessé à la tête au cours d'une opération.

Arrêté à Paris par la police le 30 novembre 1942, il est livré aux Allemands, interrogé, torturé. Il passe trois mois à Fresnes, séjourne à la prison de Dijon ; et en mai 1943, s'évade du fort de Romainville pour organiser des maquis dans les Vosges, en Haute-Saône et dans le Nord.

Il participe à la libération de Paris, constitue un "régiment" de 500 hommes pour continuer, avec les forces françaises et alliées, la lutte contre l'armée allemande. Pendant l'hiver 1944, sa troupe est rattachée à la Division Patton et engagée dans la campagne d'Alsace.

C'est là qu'il trouve la mort dans des conditions qui n'ont jamais été totalement élucidées : la version la plus couramment admise est celle de l'explosion d'une mine qu'il était en train d'examiner avec ses camarades.Son agent de liaison Gilberte Lavaire, le lieutenant-colonel Dax (Marcel Pimpaud 1912-1944) son bras droit, deux capitaines, et un lieutenant périssent avec lui.

25 ans! Espoirs, rêves partis en étincelles ! Il n'est pas trop d'une place et d'une station de métro, pour garder la mémoire d'une vie si légère en années bien sûr, mais si forte en don de soi !

Son corps a été transféré au cimetière du Père Lachaise le 4 janvier 1945.

Le père et le beau-père de Pierre Georges ont été fusillés par les Allemands.

Jeanine Rivais.

un autre personnage célèbre