EXPRESSIONNISME ET MILITANTISME DANS L'OEUVRE DE MUGUETTE BASTIDE, peintre

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L'engagement quotidien de Muguette Bastide, médecin du travail ; son investissement politico-syndical marqué à gauche, ont influencé l'artiste qui produit essentiellement une œuvre " engagée ", tout en sachant prendre du recul, rendre intemporelles ses toiles " témoins de leur temps ".

Etudiante, elle s'inscrit dans l'atelier de Fernand Léger, non pour le style d'un artiste structuré, organisé, alors que son œuvre naissante est fouillis, foisonnement ; mais pour l'intérêt qu'elle porte à la peinture socialiste ; et pour la tolérance dont il fait preuve à l'égard d'une jeune femme se réclamant de Goya, Soutine, des Expressionnistes allemands, et des Muralistes mexicains.

Depuis toujours, Muguette Bastide a le souci de ne pas raconter une histoire, ne pas aborder franchement un thème politique, mais montrer les analogies entre l'homme et l'animal. Dans ce but, elle peint des personnages habillés, nus, assis, tassés, recroquevillés comme des bêtes… et, parallèlement, elle s'indigne de ce qui, dans le monde, va de travers.

Il y a trois ans, portée par leur militantisme féministe, et tentée par des expériences collectives dans la mouvance du mouvement Gedok, elle s'intègre dans un groupe de femmes-artistes et vit pendant plusieurs mois à Berlin. Elle réalise là-bas des œuvres dénonçant la montée du néo-fascisme, la violence des émeutes de Rostock… Elle part pour Riga au moment où la Lettonie est en pleine effervescence indépendantiste ; se trouve en Israël lors du massacre d'Hébron… sillonne les USA, la Roumanie, le Mali ; admire à Tirana les œuvres monumentales qui parlent des ouvriers…

Et toujours, elle dessine, peint, réalise toiles, aquarelles, pastels à l'huile, encres de Chine, etc., mélange toutes ces techniques ; chaque œuvre s'organise autour d'un sujet central (personne, usine, oiseau…) à partir duquel elle équilibre le reste de la toile. Jamais elle ne fait un trait net : elle commence par une succession de coups de pinceau, les fait se chevaucher, revenir, circonscrire le " cœur " de la toile, puis les parties subséquentes. Elle passe dessus es couleurs, claires et douces pour les aquarelles ; vives comme sortant du tube pour la toile où elle les fait cohabiter avec les noirs épais. De sorte que l'œuvre terminée est toujours violente, haute en couleurs directes, en droite ligne de Beckmann ou Kokoschka !

Après avoir déplacé le Tout-Berlin, ému la jeunesse de Riga, été saluée par la presse internationale… Muguette Bastide est rentrée dans son atelier. Elle doit maintenant trouver le lien entre ces œuvres d'origines si diverses, afin de ne pas avoir l'air de proposer un carnet de voyage ! Alors, en attendant de trouver le chaînon manquant, elle dessine dans les allées du Luxembourg, elle explore…

Jeanine Rivais.

Ce texte a été écrit en 1995.

Aujourd'hui, Muguette Bastide est à la retraite. Mais ses engagements, politique et pictural, demeurent aussi vifs qu'au temps où ce texte a été écrit.

VOIR EGALEMENT MUGUETTE BASTIDE PEINTRE, Rubrique ART CONTEMPORAIN.

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